Deneuve, Mastroianni, Victoria Abril démolissent
Deneuve, Mastroianni, Victoria Abril démolissent la loi Hadopi
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Des actrices, Victoria Abril, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, des réalisateurs, comme Christophe Honoré ou Chantal Arkerman, des producteurs comme Agathe Berman, etc. ont tous signé une tribune à ne pas manquer dans Libération (rubrique Rebonds, Libé du 7 avril ou directement sur Ecrans.fr). Sous forme de lettre ouverte aux spectateurs citoyens, ces professionnels du cinéma recadrent quelques contrevérités oubliées par Jaimelesartistes.fr, site du ministère de la Culture destiné à « vendre » le projet de loi Hadopi.
« Aujourd’hui certains craignent cette révolution [numérique]
et craignent pour leur monopole. La loi création et Internet répond à
une angoisse légitime que nous partageons : celles de voir les œuvres
dévalorisées et dégradées par leur diffusion piratée sur Internet ». Mais le consensus avec Universal & Co s’arrête là : « Pourtant,
cette loi, qui prétend se poser en défenseur de la Création, ne fait
qu’instaurer un mécanisme de sanctions à la constitutionnalité douteuse
et au fonctionnement fumeux ». Bref, une usine a gaz « fruit d’un lobbying massif, fondé sur la présomption de culpabilité » poursuivent ces personnalités.
La Hadopi pourra « sans qu’aucune preuve fiable ne soit
apportée et sans qu’aucun recours gracieux ne soit possible, couper
durant une durée extensible à l’infini [NDLR : un an] la connexion internet d’un usager ». Ces artistes bien informés évoquent au fil de leur diatribe le risque évident de double peine, «
alors que le Parlement européen vient (…) de qualifier l’accès internet
de droit fondamental, alors qu’aux États-Unis le modèle de riposte
graduée se fissure » et que dans le reste du monde, on s’en prend
davantage à ceux qui font commerce du piratage. En France le choix est
autre : « le gouvernement s’obstine à voir dans les utilisateurs,
dans les spectateurs des enfants immatures à l’origine de tous les maux
de l’industrie cinématographique ».
Les critiques continuent, on évoque une loi « démagogique, techniquement inapplicable, bêtement ignorante des nouveaux procédés de téléchargement et purement répressive ». Elle est « l’ultime
et vaine tentative d’éradiquer le piratage par la sanction, sans se
soucier de créer une offre de téléchargement légale, abordable et
ouverte sur Internet ». Ces personnalités ne se reconnaissent donc pas dans cette démarche et en appellent à une adaptation à l’univers numérique « où l’accès à la Culture perd son caractère discriminatoire » et surtout demandent à ce que l’on cesse « de vouloir en faire une société virtuelle de surveillance où tout un chacun se sentirait traqué ».
La licence légale est posée comme solution possible, tout comme une
plateforme unifiée de téléchargement des œuvres sans DRM et à prix
accessibles, voilà des réponses qui peuvent être envisagées.
« L’heure est à la réinvention et à l’émerveillement, et non à l’instauration d’un énième dispositif répressif » indiquent encore les Deneuve, Abril et autre Mastroianni, qui torpillent un texte qui « ignore volontairement les intérêts du cinéma d’auteur ».
Ces acteurs, réalisateurs et producteurs, appellent enfin à ce que
chacun contacte les politiques, notamment, pour abandonner tant qu’il
est encore temps le dispositif Hadopi, au profit « d’un système plus juste, équilibré et prenant en compte les intérêts de tous ».
Nul doute que ce Rebonds sera repris in extenso sur Jaimelesartistes.fr pour apporter le débat et la contradiction…
Rédigée par Marc Rees le mardi 07 avril 2009 à 10h36 (22804 lectures)
Source de l'INformation : Libération